VIOLENCE DOMESTIQUE (Jusqu'à La garde)
En janvier 2015, la chaine TF1 surprend le public en diffusant L’Emprise, histoire d’une femme victime d’un mari violent qu’elle finira par assassiner pour protéger ses enfants.
Avec ce téléfilm, les responsables prennent surtout le parti de s’emparer d’un sujet encore trop tabou, à savoir les violences conjugales, de manière frontale pour mieux secouer et faire réfléchir le spectateur.
Deux ans plus tard, c’est au tour du réalisateur Xavier Legrand de s’emparer de ce sujet difficile, cette fois pour le cinéma.
Jusqu'à la Garde est son premier film, que le cinéaste conçoit comme une suite à Avant Que De Tous Perdre, son court métrage réalisé en 2012.
Le long métrage met notamment en scène Léa Drucker, Denis Menochet, Jean-Marie Winling, et Thomas Gioria.
L’histoire tourne autour d’un couple en instances de divorce. Ce qui pose surtout problème entre eux est la garde parentale. La fille, Joséphine, ayant bientôt ses 18 ans, Antoine Besson se bat pour avoir un droit de visite pour son fils de 11 ans, Julien.
Devant la juge aux affaires familiales, Miriam fait valoir ses droits en expliquant, par l’intermédiaire de son avocat, la violence physique dont à fait preuve son ex compagnon, et le fait de vouloir protéger ses enfants d’un homme brutal.
Mais, malgré la décision prise par la magistrate, les choses ne vont faire que s’envenimer dans cette famille brisée, jusqu’à attendre le point de non-retour.
Difficile de nier le courage dont fait preuve le réalisateur Xavier Legrand en choisissant de traiter un sujet aussi difficile pour son premier long métrage.
Malheureusement, ça n’implique pas forcement que le résultat final soit à la hauteur. Et, de mon point de vue, c’est même loin d’être le cas.
Pour qu’un film soit réussi, une des conditions est de pouvoir s’attacher aux personnages, et justement, ceux de Jusqu'à La Garde reste désespérément superficiels.
Le réalisateur n’explique jamais ce qui a poussé Miriam, la mère, a rester aussi longtemps avec cet homme, ni ce qui l’a décidé à fuir pour protéger ses enfants.
Xavier Legrand filme une situation conflictuelle dans une famille sans fournir l’ensemble des éléments. Sachant que, dans un divorce, tous les coups sont parfois permis, je me suis même un moment demandé si la mère de famille ne mentait pas sciemment pour garder ses enfants auprès d’elle et les priver de leur père, avant que la scène finale ne lève mes doutes.
Second problème, des personnages et situations parfois hors sujets. Franchement, la fille, Joséphine, n’a absolument intérêt dans l’histoire, tout comme sa romance.
Le dernier souci du film provient de sa mise en scène. Plutôt que de se frotter de manière frontale à son thème difficile, le réalisateur opte pour une approche télévisuelle avec de longs plans séquences parfois complètement hors sujet. Il faudra, par exemple, m’expliquer l’intérêt de filmer les pieds d’une jeune fille durant presque cinq minutes.
J’avoue avoir ressenti un certain agacement devant ses plans statiques qui dégage un coté véritablement prétentieux de la part de Xavier Legrand. Ce dernier semble très fière de son prétendu talent, à tel point qu'il préfère se regarder le nombril plutot que de traiter son sujet de manière correct.
Jusqu'à la Garde ne vaut finalement que pour sa dernière scène, la seule ou le réalisateur ose enfin aborder son sujet.
Niveau casting, l’excellent Denis Menochet est le seul à faire le job, face à une Léa Drucker en mode somnambule. Quant aux deux acteurs qui jouent les enfants du couple, ils ne sont guère plus à la hauteur.
Au final, Jusqu'à La Garde est l’exemple typique du film sans personnalité et complétement vide. Le réalisateur n’osant jamais approfondir son sujet, ni s’y frotter de prêt. Personnellement, je préfère largement L’Emprise, téléfilm qui se montrait beaucoup plus courageux et honnête dans sa démarche.