RETOUR A LA MAISON DE L'HORREUR (Ju-On Origins - saison 1)

A la fin des années 90, un jeune réalisateur asiatique du nom de Takashi Shimizu tourne deux courts métrages avec l'aide d'un de ses amis, un certain Kiyoshi Kurosawa. 

Réalisé avec des moyens réduits, Katasumi (visible ici : https://www.youtube.com/watch?v=TaQm2YhPAPc&feature=youtu.be) et 444-444-4444 (visible ici : https://www.youtube.com/watch?v=zPxuXP3BMwA&feature=youtu.be) vont poser les bases de ce qui deviendra la saga Ju-on. 

Au total plus de 13 films dont des remakes japonais et des relectures américaines. Jusqu'en 2006, Takashi Shimizu restera attaché à la réalisation de la plupart des versions, racontant finalement inlassablement les mèmes histoires. Puis, le cinéaste, conscient qu'il n'est que le responsable d'une seule franchise, préfèrera prendre ses distances. 

Ce qui n'empêchera pas les Ju-On, devenu The Grudge au pays de l'Oncle Sam, de continuer à se décliner avec une seconde suite de la relecture américaine, puis un reboot foireux signé Nicolas Pierce en 2020. 

Au Japon aussi, la franchise s'est enrichi de nouveau épisodes, les producteurs n'hésitant notamment pas à mélanger deux franchises avec Sadako Vs Kayako (visible ici en anglais : https://www.youtube.com/watch?v=FEFVl88gYx4&feature=youtu.be).

Bref, dans ces conditions, l'annonce d'une série Ju-On créé en 2020 et disponible sur Netflix en laissa plus d'un dubitatif. 

Car, la saga avait surtout montré qu'elle n'avait plus rien a raconter et ce depuis longtemps. 

Pour cette version télévisée, les deux responsables que sont Takashige Ichise et Hiroshi Takahashi décident de créer une prequel à la franchise, les évènements racontés sont donc antérieurs au premier film.

Les deux premiers épisodes nous ramènent en 1988. On suit un parapsychologue qui, un soir, participe à une émission télévisée ou une jeune fille raconte que son compagnon à changé de comportement depuis qu'il est entré dans une maison qu'il souhaitait acheter pour vivre avec elle. 

Malgré leur insistance auprès du compagnon, la jeune fille et le parapsychologue ne parviendront pas à savoir où se trouve cette demeure. En parallèle, le spectateur suit également une jeune fille que trois de ses camarades, deux filles et un garçon, vont entrainer dans la bâtisse pour que ce dernier la viole. Une fois rentré chez elle, la demoiselle assassinera sa mère avec l'aide de son bourreau et partira avec lui.

Dans le troisième épisode, on bascule ensuite en 1994, année ou un jeune couple s'installe dans la maison maudite. Peu de temps après, ils seront tous les deux retrouvés morts. On retrouve la jeune fille agressée et désormais maman d'un petit garçon au comportement pas franchement normal. Elle vit toujours avec son bourreau dans un appartement minable et son existence ne va pas franchement s'arranger.

Quant aux derniers épisodes, ils sont centrés notamment sur de nouveaux propriétaires de la demeure qui vont vite regretter leur choix.

Dès son arrivée sur Netflix, la série baptisé Ju-on Origins a clairement divisé les opinions. Il faut dire que ceux qui ont encore en tête les images de fantômes au cheveux long déambulant dans des couloirs vont être très surpris par cette version télévisée.

Car, les deux responsables ont décidé de changer quelque peu la formule. Dès l'introduction du premier épisode, une voix prévient que "La réalité est plus effrayante que la fiction".

Argument facile, mais, que Takashige Ichise et Hiroshi Takahashi vont tenter de mettre en valeur tout au long des six épisodes de cette première saison.

Un début de prequel extrêmement sombre et qui, s'il respecte tout de mème sur le fond l'esprit de la franchise mise en place par Takashi Shimizu, n'en prend pas moins ses distances sur la forme.

Car, les auteurs n'hésitent pas à plonger le spectateur dans une série riche en violence aussi bien psychologique que physique. Ce n'est pas un hasard si les épisodes sont bercés par des images d'actualités ou des journalistes détaillent des catastrophes ayant fait des millions de morts. Il y a aussi certains personnages comme ce pédophile qui assassine une fillette dans sa voiture. Les responsables nous sortent également une scène bien gore que n'aurait pas renié le Takashi Miike des débuts, lorsqu'un mari trompé égorge sa femme enceinte, puis, sort le fœtus du ventre avant d'y insérer un téléphone.  

Mais, surtout, la série parvient à redonner à la maison son aura démoniaque. Car, mettre un seul pied dans cet endroit marquera la ou les personnes à jamais, leurs vies sera détruite et ceux-ci seront condamné à la mort à plus ou moins long terme.

Les responsables montrent que la bâtisse est surtout une sorte de révélateur de l’espèce humaine, extériorisant ce qu’il y a de plus mauvais en chacun de nous.

Le passé de la demeure n'est pas oublié, puisqu'on apprend notamment que l'endroit à été acheté par le fils d'un riche homme d'affaire pour son fils, celui-ci en a profité pour kidnapper une femme et lui faire subir les pires sévices.

Si tout n'est pas parfait dans cette première saison (notamment les récits entremêlés qui donnent parfois un coté brouillon à l'ensemble), Ju-On Origins n'en reste pas moins une belle réussite avec son ambiance suffoquant et quelques scènes de terreur particulièrement réussie. Certes, la série risque de déplaire aux amateurs de simples histoires de fantômes, mais, les autres devraient apprécier. En espérant que Netflix commande une seconde saison.