LE MASQUE DU MENSONGE (L'Adversaire)

Nous sommes le samedi 9 janvier 1993, dans un petit village de l’Ain. Un homme tue sa femme à coup de rouleau à pâtisserie, ses enfants avec une carabine, puis, se rend chez ses parents, à Clervaux-Les-Lacs, dans le Jura,. Il les tueras également, ainsi que leur labrador.

Le soir même, l’homme tentera d’éliminer sa maîtresse dans la foret de Fontainebleau, mais, la jeune femme parviendra à s’enfuir.

L’individu terminera sa sinistre journée en mettant la feu à la demeure familiale, dans laquelle il s’est enfermé après avoir avalé de barbituriques. Grâce aux éboueurs qui passent au même moment, et aux pompiers, il sera finalement sauvé.

Cet homme s’appelle Jean Claude Romand et rapidement, son nom sera connu de tous. Car, durant l’enquête, les gendarmes vont découvrir que cet homme vivait dans le mensonge le plus total, à l’insu de tous.

L’affaire restera dans les annales judiciaires et traité de nombreuses fois dans divers émissions d’enquêtes.

En 2000, le romancier et scénariste Emmanuelle Carrère décide de se pencher sur le cas Jean Claude Romand.

Le romancier s’est passionné pour l’affaire dés le procès en1996, et s’est rendu par la suite plusieurs fois en prison pour rencontrer le coupable.

Le livre, baptisé L’Adversaire, obtient un franc succès. Deux ans après la publication du livre, Emmanuelle Carrère accepte de participer à l’écriture d’une adaptation pour le cinéma. Une version réalisé par la comédienne Nicole Garcia, qui signe là son quatrième film.

Lors de la sortie du film, la réalisatrice explique dans une interview pour le site Télérama ce qui l’a passionné dans cette affaire : « Imaginez la force qu'il a fallu à Jean Claude Romand pour tenir sa fiction à bout de bras, jour après jour, pendant dix-huit ans. Il a mis en scène le vide de sa vie et tenu son rôle, sans jamais tomber le masque. Plutôt que de l'ôter, il a préféré tuer. C'est une histoire d'endurance, le contraire d'une pulsion. Qu'y avait-il de si terrible à avouer ses échecs ? A quoi s'est heurté cet homme intelligent pour en arriver là ? Cela échappe à toute explication. » 

Pour incarner ce personnage hors norme, Nicole Garcia choisit Daniel Auteuil, une décision qu’elle explique également : « Ce qui m'a intéressée, c'est le vertige existentiel et l'ambivalence du personnage : banal et opaque à la fois. Pour l'interpréter, Daniel Auteuil, l'homme ordinaire au regard impénétrable, était parfait. »

Le comédien est notamment entouré de François Cluzet, Geraldine Pailhas, Emmanuelle Devos, François Berléand et Bernard Fresson, dont ce sera la dernière prestation sur un écran puisqu’il decedera deux mois après la fin du tournage.

Le scénario de L’Adversaire tourne autour de Jean Marc Faure, un homme a la vie apparemment parfaite : Une femme charmante, deux beaux enfants, des amis fidèles…Sauf que cette existence est un mensonge.

Pour ses proches, l’individu travaille a l ‘OMS comme médecin , possède beaucoup d’argent et fréquente parfois des célébrités comme Bernard Kouchner.

En vérité, Jean Marc Faure n’est rien de tout ça. Il passe le plus souvent ses journée à traîner dans sa voiture, sur des airs d’autoroute et, parfois, dans des chambres d’hôtel.

Le premier à avoir des doutes est son beau père, qui décédera après une mauvaise chute. Mais, lorsque la femme de Jean Marc Faure commence elle même a se poser des questions et que la situation devient ingérable pour lui, l’homme n’a plus qu’une solution pour s’en sortir : le meurtre.

Avec un cas comme celui de Jean Claude Romand (rebaptisé Jean Marc Faure), il y avait matière à se lancer dans une profonde analyse psychologique du personnage.

Malheureusement, ce n’est pas ce que fait Nicole Garcia avec L’Adversaire. A l’inverse, la réalisatrice semble justement éviter d’apporter un semblant de réflexion aux actes de son personnages.

Certes, Jean Marc Faure ment a son entourage, mais, on ne sait jamais ce qui se passe dans sa tète quand il le fait et pourquoi il le fait.

Le scénario tente de montrer, de façon intéressante, comment les mensonges du personnage l’ont conduit dans un engrenage infernal. Mais, tout cela est plombé par une volonté évidente de la réalisatrice à ne pas vouloir se frotter au sujet de trop prêt.

Concernant le casting, Daniel Auteuil est certes un excellent comédien que j’aime beaucoup et il fait correctement son job ici, mais, il n’était peut être pas le meilleur choix pour incarner un personnage dans lequel il semble mal à l’aise.

J’ai tendance à penser qu’il aurait peut être mieux valu inverser le casting, c’est a dire opter pour François Cluzet, plus habitué aux rôles sombres, dans le rôle de Jean Marc Faure et placer Daniel Auteuil dans celui de l’ami.

Dommage également d’avoir engagé Geraldine Pailhas, tant son jeu paraît transparent.

Au final, L’Adversaire est un film assez décevant, loin d’être a la hauteur d’une telle affaire, la faute a un traitement timoré qui manque de profondeur.

Comments

[arnaud291]

@ AIO



Pour ma part, je trouve que ce drame manque cruellement d'une véritable analyse. On reste a la surface des choses, comme si, finalement, la réalisatrice avait véritablement peur de se frotter de trop prêt à son sujet. C'est dommage, car, une approche psychologique du personnage et de ses motivations aurait pu rendre l'œuvre réellement passionnante. En ce qui concerne L'Emploi Du Temps, j'ai effectivement lu qu'il traitait de la même affaire, mais, je n'ai pas vu le film.

[Alice In Oliver]

j'aime bien ce drame, que je trouve plutôt convaincant sur l'histoire de ce pervers narcissique qui s'enfonce dans le mensonge. A noter qu'il existe un autre film inspiré du même fait divers : l'emploi du temps