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15 janvier 2019

IRRESPONSABLE (Gueule D'Ange)

gueule d'ange

Réaliser un premier long métrage n’est jamais chose facile. Vanessa Filho aura dû longtemps attendre de trouver le sujet qui lui convienne.

Passionnée par le cinéma depuis son adolescence, elle commence par tourner des mini courts métrages avec un camescope durant ses Week end.

Devenue adulte, un Bac Cinéma en poche, elle tourne sa première œuvre professionnelle dès 2001, un moyen métrage baptisé Primitifs.

Puis, Vanessa Filho enchaine les projets artistiques, entre tournage de clips, séries de photos et même un passage par la musique dans un groupe baptisé Smoking Smoking.

Quinze années à vivoter avant de trouver, enfin, l’idée pour se lancer dans son premier film, tout cela, à la faveur d’une image :

« Un jour, en vacances en Bretagne, j’ai eu une vision : une fille, sa mère, une bourrasque d’images et de sentiments. J’ai écourté mon séjour, suis rentrée à Paris, me suis enfermée des semaines pour écrire une ébauche de scénario. Et devant la nécessité de le porter jusqu’au bout, j’ai mis tout le reste en stand-by. Ça a tout emporté. »

Assistée du musicien et réalisateur Diastème, et du scénariste François Pirot, elle écrit l’histoire de Gueule D’Ange.

Le projet séduit rapidement Marion Cotillard qui décide de revenir sur sa décision de s’éloigner un peu du 7ème art.

Figure également au casting Alban Lenoir, vu, notamment, dans le second film de Diastème, Un Français.

Mais, la véritable révélation de Gueule D’Ange se nomme Ayline Aksoy-Etaix, une fillette d’à peine 8 ans, choisie par la réalisatrice parmi de nombreux enfants, et qui fait ses premiers pas au cinéma.

L’histoire du long métrage tourne autour de Marlène, mère alcoolique, fantasque et complètement irresponsable, qui vit avec sa fille, Eli, qu’elle surnomme affectueusement Gueule D’Ange.

La première scène nous emmène le jour du mariage de Marlène avec son nouveau compagnon, un homme riche. Alors que la fête bat son plein sur le paquebot de croisière, la jeune femme se fait déjà remarquer en prenant le micro devant tous les invités, pour entonner une chanson qui va mettre l’assemblée mal à l’aise.

Plus tard, l’homme à qui elle doit s’unir la trouve se faisant embrasser par un autre type. Autant dire que le mariage va tourner court.

Mais, cela n’empêche pas Eli de vénérer cette femme au comportement instable, qu’elle prend pour modèle.

La fillette tente de veiller sur sa mère, au point d’en être devenue plus adulte qu’elle. Mais, un soir, après une fête, Marlène la colle dans un taxi direction la maison, pendant qu’elle part avec un homme qu’elle vient de rencontrer.

Sauf que la jeune femme ne revient pas et qu’Eli se retrouve seule durant des jours, sans nouvelles.

Par hasard, elle croise Julio, type solitaire qui tente de renouer le contact avec son père, dont l’appartement est juste en face de celui de Marlène et sa fille.

Eli va alors s’attacher à cet homme, jusqu'à en faire une sorte de père de substitution.

Ce qui est sûr, c’est qu’avec un sujet comme celui de Gueule D’Ange, Vanessa Filho n’a pas choisie la facilitée pour son premier long métrage.

Et c’est finalement cette incapacité à traiter et analyser ce sujet difficile, due surtout à un manque d’expérience, qui demeure le plus préjudiciable au film.

On reste constamment à la surface des choses, que ce soit dans les situations ou les personnages. Le comportement, presque bipolaire, de Marlène, n’est jamais approfondie. Sans emploi et passant ses journées à regarder des émissions de télé réalité, elle vit constamment dans l’excès et la destruction du moindre bonheur qui pourrait survenir dans sa vie (il est facile de deviner que c’est la raison qui la pousse à détruire volontairement son union avec un homme riche qui pourrait la rendre heureuse).

De la même manière, sa relation complexe avec Eli, gamine timide et très mature, qui la vénère littéralement, aurait mérité d’être plus approfondie.

L’autre gros défaut de Gueule D’Ange, c’est sa grande naïveté. Face à une mère aussi irresponsable, constamment fauchée et incapable de s’occuper aussi bien d’elle même que de sa fille, il est facile d’imaginer que les services sociaux vont s’en mêler.

Ce sera le cas une seule fois, lors d’une scène ou Eli leur dira simplement qu’elle est heureuse et voilà. Un joli conte qui ne correspond pas franchement à ce qui se passerait dans la réalité.

Il en va de même pour le personnage de Julio, dont les causes de la brouille avec son père demeurent assez vagues.

Autre détail qui m’a interloqué : Une fois seule, jamais la fillette ne court le moindre danger. Elle se ballade tranquillement le jour et la nuit, croise des adolescents délinquants qui la font picoler, mais, ne se fait jamais agresser.

Avec son premier long métrage, Vanessa Filho montre qu’elle ne manque pas d’influence, puisque le film déploie un univers qui va de Ken Loach à John Cassavetes en passant par Nick Cave.

Du coté du casting, Marion Cotillard surjoue énormément son personnage de mère excentrique, au point de la rendre souvent agaçante.

Alban Lenoir et la jeune Ayline Aksoy-Etaix s’en sortent largement mieux, et leurs scènes de duos constituent la plus grande qualité du film.

Au final, Gueule D’Ange demeure un long métrage pas forcement convaincant, la réalisatrice ayant commit l’erreur de vouloir s’attaquer à un sujet difficile alors qu’elle ne possède pas encore l’expérience suffisante pour le traiter en profondeur.  

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