UN MONDE DE LOUPS (Sicario)
Mais, c’est surtout dix ans plus tard qu’il accédera à la notoriété, grâce à son personnage de flic dans Sons Of Anarchy.
Un an après l’arrêt de la série, et alors que sa carrière d’acteur est au point mort, il décide de se consacrer à l’écriture de scénarios.
C’est avec l’un d’eux qu’il approche le cinéaste Denis Villeneuve. Ce dernier sort tout juste du tournage de ses deux premiers long métrage sous bannière Hollywoodienne, à savoir Prisonners et Enemy. des oeuvres particulièrement remarqués, et voit se multiplier les propositions diverses.
Pourtant, cette histoire sur les cartels de la drogue à la frontière entre les Etats Unis et le Nouveau Mexique le passionne et il s’y engage.
Pour les besoins du film, le scénariste Taylor Sheridan expliquera avoir effectuer de nombreuses recherches sur le terrain : « La seule façon d’obtenir des informations, c’est de gagner la confiance des gens qui sont le plus touchés par ce trafic : les migrants qui, poussés par le besoin, franchissent la frontière. »
« Le Mexique, ce pays où l’on pouvait se rendre tranquillement en voiture, n’existe plus aujourd’hui. C’est devenu un endroit sans foi ni loi. Il n’existait aucun film sur la manière dont la vie a changé dans le nord du pays, sur la façon dont la drogue et la corruption gouvernent tout, désormais, et sur l’évolution des cartels qui sont devenus des groupes militarisés. »
Au générique du long métrage, baptisé Sicario (qui signifie sicaire, nom donné aux tueurs à gages opérant pour le compte des cartels d’Amérique Latine), on trouve notamment Emily Blunt, James Brolin, Benicio Del Toro, Victor Garber, Jeffrey Donovan, Jon Bernthal ou Daniel Kaluuya.
L’histoire tourne autour de Kate Macer, agent du FBI qui, lors d’une opération sur le terrain, voit mourir une bonne partie de ses collègues. Peu après, elle est recuté par Matt, un agent du gouvernement, pour faire partie d’un groupe d’intervention d’élite, opérant dans la lutte anti drogue à la frontière entre le Mexique et les Etats Unis.
Mais, Kate, qui croyait participer à la traque du responsable du massacre de son unité, va vite que les personnes l’ayant engagé l’ont fait pour d’autres motifs.
Avec Sicario, Denis Villeneuve s’amuse à jouer avec la perception du spectateur. Si le film commence avec le personnage de l’agent du FBI Kate Macer, lors d’une ouverture explosive qui donne le ton, le spectateur réalise vite qu’il ne la suit pas, mais, demeure, quelque part, à la même place qu’elle.
Au début, aucune information ne nous ai donné concernant les activités de ceux ayant engagés la jeune femme. Comme elle, on ne sait pas à quoi s’attendre, ni qui est exactement cette agent du gouvernement nommé Matt, ou ce type étrange présenté comme un simple conseiller.
Peu à peu, on découvre les activités de l’équipe sur le terrain, qui franchit souvent la légalité, alors que le gouvernement Américain ferme les yeux en expliquant que ça donne des résultats.
Quel brillante idée d’avoir confié le rôle de « l’observatrice » à la fadasse Emily Blunt, dont le manque de réaction et le coté transparent vont à merveille au personnage. Elle n’a rien à faire qu’à subir et c’est tout ce qu’on lui demande.
En vérité, les vrais héros de Sicario, ce sont les hommes, et en particulier Alejandro, incarné magistralement par Benicio Del Toro.
Homme froid, à l’attitude singulière et peu bavard, l’individu reste assez flou concernant ses motivations réelles durant une bonne partie du film, ce qui le rend encore plus marquant.
Comme Kate, on ne pas à quoi s’attendre avec lui, ni quel est vraiment son rôle dans cette histoire. Un personnage qui colle parfaitement au comédien, habitué des personnages troubles.
Avec son attitude cool et décontracté, Matt, l’agent du gouvernement qui engage Kate Macer, pourrait passer pour le type ultra sympa avec lequel on rêve d’être pote. Sauf que l’homme qui se balade en tong au bureau est une véritable ordure et que son allure releve plus du cynisme froid et détaché des actes qu’il commets. Un personnage dans lequel se glisse à merveille James Brolin.
Même si Denis Villeneuve à parfois tendance à se regarder filmer (ah, ses longs plans sur les façades d’immeubles décrépis qui ne servent à rien), Sicario reste un excellent film, porté par un excellent casting et prenant de bout en bout.