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30 septembre 2018

UN GENIE DE LA MISE EN SCÈNE (Brian De Palma, Le Pestiféré D'Hollywood)

imagesAE1E2F0LAprès avoir évoqué dernièrement le réalisateur Tobe Hooper dans une double chronique, restons dans le domaine des metteurs en scènes cultes, mais, inconnus de la jeune génération, avec un dossier consacré à Brian De Palma.

Né en 1940 dans le New Jersey, le jeune Brian Russell se retrouve, à dix huit ans au coeur d'un véritable drame familiale, quant il décide de prouver à sa mère l'infidélité de son père. Il commence par enregistrer les conversations téléphoniques de son géniteur, avant de le suivre avec un appareil photo. Il finira par débarquer au bureau de ce dernier, surpris en pleine action. Les conséquences en seront terribles puisque sa mère, à la vue des clichés, tentera de se suicider à coup de somnifères. Une tentative heureusement raté qui n'empechera pas le couple de divorcer.

« Ils étaient faits pour vivre en ménage. Mais pas ensemble. », expliquera Brian De Palma en parlant de ses parents bien des années plus tard.

En 1958, le futur réalisateur devient étudiant à l'université de Manhattan et découvre pour la première fois les oeuvres de François Truffaut, Luchino Visconti, Jean Luc Godard ou  Federico Fellini.

Brian De Palma tombe alors sous le charme de ce milieu. Il fait le comédien pour des camarades tout en découvrant le coté technique de la mise en scène, grâce à d'autres étudiants ayant acquis des caméras et voulant devenir réalisateurs, avant de passer lui même à la réalisation sur plusieurs courts métrages.

En 1965, Brian De Palma se lance dans la mise en scène de son premier long métrage, The Weeding Party. Envisagé dans un premier temps comme un anthologie sur le modèle d'un autre film à sketch signé François Truffaut, L'Amour A Vingt Ans, le long métrage prendra finalement une direction beaucoup plus classique et mettra en scène une histoire de mariage joué par un tout jeune comédien plein d'avenir, Robert De Niro. A noter que le réalisateur et l'acteur se retrouveront par trois fois, d'abord pour Greetings, sur lequel je reviendrais plus détail cet après midi, puis Hi, Mom! tourné un an après, et enfin Les Incorruptibles. 

Après avoir signé plusieurs documentaires, dont un sur Andy Warhol, Brian De Palma utilise l'argent obtenu pour tourner son second film en 1968, Murder A La Mod, dont une partie est financé par un producteur spécialisé dans le cinéma pornographique que le réalisateur à convaincu en lui vendant son idée de scénario comme s'il s'agissait d'une oeuvre classé X, ce que n'est bien sur absolument pas ce second long métrage.

La réaction du producteur à la sortie du film ne se fera guère attendre et De Palma, assisté d'un de des amis ayant lui aussi mit des billes dans le projet, devra assurer seul la promotion de son bébé. 

C'est avec Murder A la Mod que Brian De Palma commencera une longue période totalement sous l'influence d'un autre de ses réalisateurs fétiches : Alfred Hitchcock.

Pour l'heure, le jeune metteur en scène n'a pas encore rencontré le succès, mais, il en est proche. La fin des années 60 et le tout début des années 70 voit Brian De Palma rencontrer de nombreux futurs grands réalisateurs comme Francis Ford Coppola, Martin Scorcese ou Steven Spielberg.

En 1972, fort du succès commercial de Greetings, la Warner Bros engage Brian De Palma pour signer Get to Know Your Rabbit. Il s'agit de la première expérience du jeune réalisateur pour un long métrage de studio. Un baptême du feu qui va virer au cauchemar pour De Palma et dont il garde toujours un goût amer aujourd'hui : « On m'a pris mon film, on l'a remonté et on l'a tout simplement fini sans moi. J'ai été viré, c'est aussi simple que ça. »

Dirigeant notamment le réalisateur et comédien Orson Wells, le metteur en scène se retrouve rapidement mit de coté par les pontes du studio qui finissent par le déposséder totalement du film. Écarté du montage final, Brian De Palma ne découvrira finalement le résultat qu'à la sortie du film.

Le réalisateur prendra sa revanche deux ans plus tard en signant son premier succès, Phantom Of The Paradise, adaptation rock du roman de Gaston Leroux, ou il extériorise en filigrane son sentiment de trahison ressentit sur Get to Know Your Rabbit . Entretemps, la rencontre avec Margot Kidder qui est devenu sa petite amie et chez qui il vit, et une autre jeune actrice, Jennifer Salt, lui donne l'idée de réunir les deux femmes dans un long métrage fantastique baptisé Sisters, traduit chez nous par Soeurs De Sang, dont la chronique figure au programme de ce cycle.

En 1976, Brian De Palma est devenu un réalisateur extrêmement courtisé et n'a que l'embarrat du choix question projets. Il choisit alors de se lancer dans une série d'oeuvres sous influences Hitchcockiennes basé sur une forme et des thème chère au maître du suspense : A savoir la tromperie et le mensonge, englobé dans des histoires de meurtres, avec , toujours une histoire d'amour. 

Le premier long métrage de ce type à sortir est Obsession, ou l'histoire d'un homme ayant perdu sa femme et sa fille et qui, des années plus tard, tombe amoureux d'une demoiselle ressemblant énormément, sur le plan physique, à son épouse, sans soupçonner qu'il s'agit de son enfant ayant grandit, et qui souhaite se venger, croyant son géniteur responsable du drame.  

Le metteur en scène décide d'y reprendre certains idées de Vertigo, un des long métrage fétiches d'Hitchcock, et une des oeuvres préférés de Brian De Palma, et d'en signer une version alternative et contemporaine. De Palma y affiche un tel talent dans cet exercice qu'il en rendra jaloux Alfred Hitchcock lui même.

Dans Carrie Au Bal Du Diable, adaptation du premier roman de Stephen King, et long métrage sortit la même années qu'Obsession, Brian De Palma filme l'histoire d'une fille brimée par ses camarades et qui va profiter de ses pouvoirs paranormaux nouvellement acquis avec la puberté pour se venger d'eux. 

C'est lors de la fameuse scène du bal virant au cauchemar que le réalisateur utilise une des caractéristiques de son fameux style, la technique dite du Split Screen. Quand le personnage incarnée par Sissy Spacek déchaîne sa fureur dévastatrice lors du bal, l'écran se divise en deux, permettant de multiplier les points de vues quant à l'action en cours.

Suivront par la suite une poignée d'oeuvres considéré aujourd'hui comme éssentiels à tout amateur de cinéma, ou le réalisateur alternera le fantastique avec Furie, ou le suspense avec Pulsions et Blow Out, film pour lequel il retrouvera l'acteur John Travolta, qu'il avait révélé quelques années plus tôt dans Carrie Au bal Du Diable. A noter qu'il y dirigeait également Nancy Allen, également présente dans Pulsions, qui était aussi sa compagne à l'époque.

En 1980, Brian De Palma décide de revenir un cinéma plus indépandant par rapport aux films de gros studios. C'est ainsi qu'il signe une oeuvre relativement méconnu, Home Movies, oeuvre semi auto biographique résté inédite en salle, qu'il tourne avec Kirk Douglas et Nancy Allen, mais, aussi, Keith Gordon, qu'il dirigeait dans Pulsions et qui se fera bientot connaitre pour son rôle d'Arnie Cunningham dans Christine de John Carpenter, autre adaptation de Stephen King.

Deux ans après Blow Out, Brian De Palma se retrouve aux manettes d'un long métrage qui va traumatiser les spectateurs et changer la face du paysage cinématographique Hollywoodien. Cette oeuvre, c'est Scarface.

Le réalisateur succède à un autre metteur en scène, Sidney Lumet, ayant abandonné le projet car il jugeait le script écrit par Oliver Stone trop violent. Remake d'un film des années 30 signé Howard Hawks, Scarface révèle Al Pacino, en même temps qu'il signe l'avenement d'un film devenu culte, au point d'avoir totalement éclipsé le long métrage original dans l'inconcient collectif.

A sa sortie, le film est traîné dans la boue par la presse qui fustige sa violence jugé outrancière et disproportionné, Brian De Palma se retrouve même nominé aux Razzie Awards comme pire réalisateur de l'année et accusé de fascisme par le peuple Cubain qui reproche au réalisateur de les avoir fait passer pour des trafiquants de drogue. 

Des réactions que Martin Scorcese lui même aurait anticipé, confiant à plusieurs acteurs du film après une avant première : "Les gars, vous êtes superbes dans ce long métrage, mais il faut vous préparer parce qu'ils vont le détester à Hollywood". Après Body Double, ou le réalisateur clôture, pour un temps, son style hommage à Alfred Hitchcock, Brian De Palma travaille sur une comédie mafieuse resté méconnu avant de connaître a nouveau le succès avec Les Incorruptibles.

Révélant Kevin Costner et Andy Garcia, cette adaptation de la série télévisé fait encore aujourd'hui partie des grandes oeuvres de Brian De Palma.

Mais, si Les Incorruptibles fait l'unanimité, ce ne sera pas le cas du long métrage suivant du réalisateur, Outrages. Avec ce film, dont le titre original : Casualties of War, signifie Dommages De Guerre, De Palma souhaite tourner un film engagé dénonçant les horreurs de la guerre, thème qu'il reprendra quelques années plus, à l'occasion de son tout aussi décrié Redacted. 

A partir des années 90, Brian De Palma connaîtra une période d'echecs consécutifs, d'abord avec Le Bucher Des Vanités, puis, L'Esprit De Caïn. 

En 1993, Brian De Palma revient à l'univers mafieux avec L'Impasse, permettant à Al Pacino d'incarner un nouveau personnage fort. Mais, le ton dramatique du film désarçonne le public et les fans, et le film recueille un succès mitigé.

De nombreux journalistes et réalisateurs, dont Quentin Tarantino, viendront, avec les années, défendre ardemment le film. En France, si Les Cahiers Du Cinéma se poseront en partisan de l'oeuvre, ce ne sera pas le cas de Télérama, accusant Brian De Palma d'ètre un cinéaste à papa ayant signé une oeuvre sans âme, ni audace.

Malheureusement, à Hollywood, beaucoup de responsables de studios commencent également à penser que le réalisateur autrefois adulé pour Scarface ou Les Incorruptibles n'est plus dans le coup.

Brian De Palma mettra de nombreuses années à se remettre de l'échec de l'Impasse, et si il retrouve les chemins des plateaux de tournages, c'est grace à Tom Cruise.

Nous sommes en 1996, et ce dernier croise le réalisateur lors d'une soirée chez Steven Spielberg. Il lui parle alors du projet qu'il produit et dans lequel il joue, à savoir une adaptation cinéma de la série Mission Impossible. Tom Cruise explique être dans une sacré panade après le retrait de Sidney Pollack, cinéaste initialement en engagé partit finalement tourner Sabrina, avec Harrison Ford.

Brian De Palma ayant toujours eut l'envie de signer un vrai film d'espionnage, il accepte la proposition de Tom Cruise de reprendre le poste laissé vacant. Le réalisateur espère également pouvoir retrouver les cimes du succès.

Son désir sera exaucé au delà de ses espérances puisque le film sera un énorme succès, aussi bien aux Etats Unis qu'en France.

Désormais remis en selle et à nouveau dans les bonnes grâces des pontes d'Hollywood, Brian De Palma décide de prendre son temps pour choisir son sujet suivant, malgré les sollicitations.

Deux ans après avoir dirigé Tom Cruise, Le metteur en scène met en scène Nicolas Cage dans Snake Eyes. Un film très mal reçu par la presse et le public à sa sortie, tout comme Mission To Mars, malgré un casting prestigieux.

L'odyssée spatiale de Brian De Palma est vivement critiqué pour sa soi disante naïveté et des effets speciaux qui serait digne d'une série télé des années 80, alors qu'il enterre largement, sur un sujet similaire, le Apollo 13 de Ron Howard sortit cinq ans avant.

Malgré ses qualités, notamment une maîtrise totale de la mise en scène, entre autre dans les scènes d'appesenteur, Mission To Mars signe le début d'une période difficile pour le réalisateur qui semble avoir quelque peu perdu ses moyens. Femme Fatale, réalisé en 2002, et dans lequel tente de renouer avec son style très Alfred Hitchcock, déçoit fortement, mais, c'est surtout Le Dalhia Noire, adaptation d'un roman de James Ellroy, qui marque le plus la déclinaison progressive des talents du réalisateur.

Pourtant, à la vision du film, il est évident que De Palma y croit toujours, tentant même une scène en vue subjective, technique qui faisait partie de sa formule de mise en scène dans les années 70. Mais, ça ne suffit pas à sauver Le Dahlia Noire et la tentative d'hommage au film noir voulu par le réalisateur débouche surtout sur son plus mauvais film à ce jour.

A nouveau écarté d'Hollywood, ses nouveaux dirigeants ayant désormais décidé de tirer un trait sur lui, Brian De Palma trouve le salut grâce à une petite société indépendante, baptisé HDNET.

Les responsables proposent alors à De Palma de tourner une oeuvre à petit budget, environ 5 millions de dollars, et uniquement avec une caméra HD. Le réalisateur accepte, mais, à une condition : "Je leur ai répondu que cela m'intéresserait si je pouvais trouver un sujet qui gagnerait à être traité par ce média", déclarera t il à la sortie du film. Et ce sujet, ce sera finalement La Guerre En Irak.

Dés le départ, les ambitions du réalisateur sont claires : "L'une des raisons pour lesquelles on ne voit pas tant que ça de personnes dans les rues aux États-Unis pour protester contre cette guerre, c'est parce que l'on ne voit pas chez nous les images des pertes civiles et des soldats tués ou blessés, contrairement à ce que l'on voyait pendant la guerre du Viêtnam. Dans le conflit irakien, on ne voit malheureusement que des images que le Pentagone et George Bush veulent bien nous faire voir, destinées à plus ou moins nous rassurer en nous disant : "Ne vous inquiétez pas, tout va bien, nous sommes en train de progresser".

Avec Redacted, Brian De Palma entend bien dévoiler une autre vérité au peuple, celle que le gouvernement refuse de montrer. Résultat, son long métrage documentaire sera complètement boudé dans les salles Américaines, ou il ne sera projeté que dans 15 salles sur tout le pays. Autant dire un sortie purement technique aboutissant à un véritable échec commercial, un de plus pour le réalisateur.

En 2012, le metteur en scène est devenu persona non grata à Hollywood, ou on le considère fini. C'est grâce à des fond Allemand et Français qu'il parvient à tourner Passion, un remake du film d'Alain Corneau, Crime D'Amour.

Brian De Palma y revient aux sources de son cinéma, en rappelant notamment le musicien Pino Donaggio, avec qui il avait beaucoup travaillé dans les années 70 et en reprenant les ingrédients ayant fait son succès, à savoir du suspense et une pointe d'érotisme.

Succédant à Ludivine Sagnier et Kristin Scott Thomas, Naomie Watts et Rachel Mc Adams s'y livre à un jeu de manipulation sur fond de désir et de meurtre, et de sadisme.

Passion s'inscrit totalement dans l'oeuvre du cinéaste qui y reprend également le principe du split screen. Bref, une oeuvre ou De Palma tente de montrer qu'il est toujours dans le coup.

Un coup d'essais qui, malgré ses qualités, ne convint pas toujours, voir pas du tout en ce qui concerne Hollywood.

En 2013, Brian De Palma fut annoncé sur un téléfilm produit par HBO, Happy Valley, drame avec Al Pacino dans le milieu du football Américain qui ne fut finalement jamais tourné. Apparemment, on devrait retrouver le réalisateur cette année avec un nouveau long métrage baptisé Domino, mettant en scène Carice Van Houten et le comédien de la série Games Of Thrones, Nicolaj Coster Waldau. 

Malheureusement, même si certains évoquent déjà le grand retour du Brian De Palma que l'on aime, le film n'a toujours pas de date de sortie au moment ou j'écris ces lignes.

Quoi qu'il en soit, espérons qu'on retrouvera bientôt le réalisateur, car, même si le bonhomme n'a pas fait que des bons films, ça reste un des auteurs essentiel et unique dans le paysage cinématographique Américain.

Sources : Allociné & Wikipédia  

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Commentaires
A
@ ideyvonne<br /> <br /> <br /> <br /> merci pour toutes ces précisions. Mais, en ce qui concerne l'original Scarface, j'ai bien peur que, malgré les efforts de De Palma, il demeure plutôt oublié aujourd'hui. Beaucoup ne se souviennent que du remake.
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I
Afin de ne pas oublier l'original 'Scarface' , Palma n'a pas hésité à dédier son remake à Howard Hawks à la fin du film ! ;)<br /> <br /> Pour ce qui est de sa filmographie, De Palma a toujours voulu son cinéma indépendant et c'est pour cela qu'il acceptait des commandes de grands studios afin de pouvoir financer ceux qu'il avait vraiment envie de réaliser.
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A
@ Borat<br /> <br /> <br /> <br /> Ton argumentation me donne vraiment envie de voir Body Double. De mon coté, voici des liens sur Sœurs De Sang et Furie que j'avais chroniqué sur mon ancien blog. Je te conseille vraiment ces deux films, surtout le second qui reprend le thème de la fille avec des pouvoirs, mais, rajoute un coté film d'espionnage tout à fait réjouissant. <br /> <br /> Sœurs De Sang : http://movieandzik.canalblog.com/archives/2014/10/18/30783769.html<br /> <br /> Furie : http://movieandzik.canalblog.com/archives/2014/10/24/30807665.html
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B
C'est deux films que je n'ai pas vu. Je n'ai pas cité Body double que je classe dans la catégorie Hitchcock like, mais c'est un de mes préférés en effet. Le héros n'est pas forcément très clair (le mec mate sa voisine ne l'oublions pas et la suit pas mal également), mais toute l'intrigue est intéressante. Puis Melanie Griffith est ravissante au possible.
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A
@ Borat <br /> <br /> <br /> <br /> Merci pour très beau témoignage (et pour le lien) sur un réalisateur que tu semble aimer autant que moi. Dans ta liste, je remarques que tu n'as pas mentionné Sœurs De Sang ou Furie. Si tu ne les a jamais vues, je te les conseilles, surtout le second. De mon coté, ça me fait penser que je n'ai jamais vu Body Double. Il va falloir que j'y remédie.
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