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21 novembre 2015

EN QUETE DE JUSTICE (Le Juge Fayard Dit "Le Sheriff" / La Femme Flic )

Si beaucoup de réalisateurs Français se contentent d'oeuvrer dans le divertissement sans trop faire de vagues, ce n'est assurément pas le cas d'Yves Boisset. Commençant sa vie professionnelle comme Journaliste, l'homme si distingua par son goût de l'enquète. Une méthode d'investigation qu'il employa par la suite pour la préparation de tout ses long métrages et téléfilms.

Fasciné par les grandes affaires politiques et criminelles, Yves Boisset se tailla une réputation d'homme tenace à travers des long métrages sans concession. Le metteur en scène dut d'ailleurs de nombreuses fois faire face à des pressions et fut souvent contraint d'abandonner des projets lui tenant à coeur.

A la fin des années 70, il décide de s'interresser à l'histoire du juge François Renaud, mort deux ans avant et qui fut notamment le premier magistrat assassiné depuis l'occupation.

Yves Boisset choisit de confier le rôle principale à Patrick Deweare, acteur qu'il dirigera pour la seule et unique fois. Durant le tournage, il observe le comédien et déclarera dans une interview : « J'ai compris qu'il ne jouait pas, mais qu'il vivait la scène et je me suis dit, mon Dieu, il est en danger ! ». Il faut dire que le comédien sort alors d'une rupture difficile avec l'actrice Miou-Miou et se montre d'un caractère instable sur le tournage.

Au niveau du reste de la distribution, on trouve notamment Henry Garcin, Jean Marc Thibault, Jean Bouise, Philippe Leotard, Roland Blanche, Marcel Bozzuffi et la participation de Bernard Giraudeau qui apparaît dans une scène de dialogue avec Patrick Deweare au bord d'une plage.

L'histoire est donc celle du Juge Fayard, un homme énergique et intègre qui croit en son métier et en la justice plus que tout. Bref, un magistrat qui tente de faire son métier et qui dérange au plus haut point les hautes institutions, notamment lorsqu'il fait arrêter le grand patron d'une usine, qu'il soupçonne de plusieurs manquement aux règles de sécurité du code du travail en vigueur. Ce dernier ayant de puissant liens avec des politiques, Le Juge Fayard est alors sommé de le relâcher et vivement sanctionné par se supérieurs qui ne manquent pas de lui rappeler qu"il est libre, car, c'est son affaire".

Il se voit alors confié une affaire de braquage avec agression. Une histoire banale faisant office de mise au placard. Mais, quand un ancien flic est retrouvé assassiné et que le juge Fayard commence à remonter jusqu'a certains hommes politiques haut placé, dont certains auraient fait partie du S.A.C, le service d'action civique, soupçonné de service de milice parallèle, l'affaire prend une autre tournure.

Lors de sa sortie, Le long métrage d'Yves Boisset fit grand bruit, et le nom du S.A.C, organisation clairement cité dans le film, fut remplacé par un Bip à la suite d'une décision de justice. Après la dissolution du groupuscule, cette décision fut finalement annulé.

Par ailleurs, le réalisateur expliqua avoir été victime d'une agression, trois hommes cagoules l'ayant tabassé alors qu'il rentrait chez lui.

A la vision du film, on comprend mieux que certains parti pris ait fortement déplu. Car, Yves Boisset ne prend pas de gants pour dépeindre des institutions corrompu, que ce soit dans la magistrature ou dans la police.

On pourra éventuellement reprocher au réalisateur de ne pas faire dans la finesse, pourtant, on ne peut nier qu'Yves Boisset atteint son but. Car, au delà de l'enquète peu intéressante sur la forme, ce qui intéresse surtout le réalisateur est le portrait d'un homme incorruptible que rien, ni personne ne parvient à faire taire. Un entêtement qui lui sera fatale dans sa lutte contre la corruption.

Dans la peau de ce personnage marquant, Patrick Deweare est tout simplement intense et prodigieux. Les autres acteurs ne déméritent pas, seul Philippe Leotard semble quelque peu en retrait. Au final, Le Juge Fayard reste un long métrage très réussi.

La femme flicDeux ans plus tard, Yves Boisset choisit de reprendre les mèmes thèmes, dans La Femme Flic, qu'il réalise en 1980.

Cette fois, ce n'est plus un juge, mais, une jeune femme flic qui est au centre de l'histoire. L'inspecteur Corinne Levasseur, officiant à Paris, et qui traverse une période difficile puisqu'elle travaille sur une enquète impliquant des responsables de la mairie et se voit trahie par son compagnon, un magistrat qu'elle gifle en public.

L'affaire fait suffisamment de bruit pour que Corine Levasseur se retrouve mutée dans une petite bourgade isolée du Pas-De-Calais

Elle y découvre un climat assez singulier, et des gens à la mentalité plutôt étriqué. Mais, surtout, Corine Levasseur perçoit la main mise de Shuller, un riche propriétaire, sur la population locale, ce dernier possédant à lui seul toutes les entreprises du coin.

Lorsqu'une affaire de pédophilie et de prostitution enfantine surgit dans la bourgade, tout semble accuser un ancien médecin raciste, totalement haï par la population, Le Docteur Godiveau.

Pourtant, Corine Levasseur découvre bientôt un carnet impliquant de hautes personnalités de la région, dont Shuller et plusieurs de ces proches. Mais, la vérité à un prix.

Comme à son habitude, Yves Boisset ne prend pas de gants pour aborder des sujets difficiles. En premier lieu, la place de la femme dans un milieu essentiellement masculin. Mais, bien plus encore, c'est surtout la façon dont les flics sont perçu par la population qui est dépeinte.

La première scène est assez révélatrice puisqu'on y voit le personnage de Corine Levasseur entrer dans une appartement pour y récupérer un enfant maltraité qu'elle confie à une assistante sociale. Alors qu'elle sort du bâtiment, les commentaires critique des badaud du genre : "Ils n'ont pas autre chose à faire" vont bon train.

On notera également cette échange laconique entre la jeune femme flic et l'assistante sociale qui lance : "Si ils n'ont plus confiance, ils nous ferment leur porte, nous sommes la pour les aider - Et nous pour leur faire peur - A chacun son métier"

Bien avant que les affaires de ce type fleurissent, Yves Boisset prend également le risque d'aborder des sujets sensibles comme l'inceste et les réseaux pédophiles.

Dans La Femme Flic, ces réseaux impliquent des notables très en vue, protégé par une population totalement soumise à un régime de terreur. En gros, chaque habitant sait que, si il parle, les risques de se retrouver au chomage sont grand et personne n'est pret à vivre cela.  

Dans ce climat, l'enquète de Corine Levasseur s'averera d'autant plus compliqué que la jeune femme à déja une étiquette de géneuse sur le dos, rapport à son passé. Le climat de corruption ambiant n'arangeant pas non plus les choses.

La Femme Flic propose une vision extremement noire et pessimiste de la France du début des années 80. A ce titre, sans révéler la fin, la dernière scène du film, tournant le dos à un quelconque happy end, laisse un gout amer et revoltant dans la bouche.

Porté par un excellent casting, notamment Miou Miou, jeune poisson parfois un peu naïf au milieu d'un océan rempli de requins, et Jean Marc Thilbault, parfait en supérieur lâche, La Femme Flic rèste une oeuvre choc, engagé, et qui n'a pas prit une ride, les thèmes abordé semblant plus que jamais actuel.

 

 

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