LE PRIX DU MENSONGE (Chernobyl - saison 1)
Le 26 Avril 1986, l’un des réacteurs de la centrale nucléaire de la ville de Tchernobyl, en Ukraine, explose, entrainant l’une des catastrophes les plus tragique du 20ème siècle.
De nombreuses personnes, dans les villes alentours, mourront des suites de radiations. Plusieurs explications seront apportées pour expliquer cet évènement dramatique et ses conséquences.
Mais, le gouvernement Russe, après avoir tenté d’étouffer l’affaire, préfèrera minimiser le nombre de victimes réels tout en essayant de ne plus évoquer cette affaire.
Pourtant, en Ukraine comme dans une bonne partie du monde, personne n’a oublié et on peut considérer qu’aujourd’hui, la recrudescence de cas de Cancer ou l’apparition de nouvelles maladies comme Alzheimer sont, quelque part, due à la tragédie de Tchernobyl.
La tragédie est à ce point taboue que personne, jusqu’ici, ne s’était risqué à l’évoquer dans une œuvre de fiction.
Jusqu'à ce que les responsables de la chaine Américaine HBO décident d’en produire une mini-série en 1 saison de 5 épisodes.
Si l’on peut se réjouir de l’initiative, confier le projet au scénariste, réalisateur et producteur Craig Mazin ne rassurait pas franchement.
Le bonhomme commence sa carrière en 1998, en écrivant le scénario du film Supersens, comédie mettant en valeur Damon Wayans et Matthew Lilliard.
Craig Mazin continuera ensuite dans le même registre, occupant un poste similaire sur des œuvres comme Scary Movie 3 et 4, ou Very Bad Trip 2 et 3.
En 2000, il s’essaie pour la première fois à la réalisation avec The Specials, puis, récidive huit ans plus tard, avec la parodie raté Super Héros Movie, dans lequel on pouvait néanmoins voir Leslie Nielsen dans une de ses dernières prestations.
Autant dire que confier un biopic sur la catastrophe de Tchernobyl à un homme ayant passé la majeure partie de sa carrière dans l’univers des comédies pas franchement mémorables peut légitimement poser question sur la capacité de jugement des responsables d’HBO.
Au casting de cette mini-série, on trouve notamment Jared Harris, Stellan Skarsgard, Emily Watson, Robert Emms et Sam Troughton.
Le premier épisode nous replonge durant cette fameuse nuit d’avril 1986. Il est 1h09 et le réacteur n°4 de la centrale nucléaire de Tchernobyl prend feu avant d’exploser.
Appellé pour éteindre l’incendie, les pompiers ne parviendront pas à empecher la catastrophe. Rapidement, de nombreuses personnes presenteront de graves brulures sur la peau. Rapatrié dans le plus grand hopital de Moscou, ils finiront par mourir dans d’atroces souffrances.
Face à la tragédie, le gouvernement Soviétique, dirigé par le president Mikael Gorbatchev, dépèche deux hommes pour faire toute la lumière sur les causes de cette affaire : Valeri Legassov, scientifique et professeur éminent, spécialiste en chimie minérale, et Boris Chtcherbina, homme politique influent et président du conseil des ministres.
Ils seront notamment aidés parUlana Khomyuk, responsable de l’institut de l’énergie nucléaire en Biélorussie.
Ensemble, ils vont mettre à jour une vérité que personne ne veut connaître.
Il n’a pas fallu longtemps pour que la mini-série Chernobyl fasse polémique, notamment en Russie ou elle a très mal été accepté par le gouvernement en place. Le programme est accusé de travestir la réalité et les autorités ont, d’ailleurs, annoncé le lancement d’une autre série repondant clairement à celle d’HBO.
Il faut dire que, dés le départ, Craig Mazin impose son sujet sans esbrouffe. Chernobyl nous plonge dans une réalité aussi étouffante que les réacteurs de la centrale nucléaire.
Alors que les responsables se renvoient la balle et que les autorités essayent d’étouffer l’affaire aux yeux du monde, beaucoup de personnes vont mourir de radiations, notamment des habitants de Pypiat, la ville voisine, venus se rassembler en masse sur un pont pour voir ce qui se passe.
Le premier épisode sera consacré entièrement aux premières heures suivant la catastrophe et il faudra attendre le second épisode pour voir les deux enquêteurs choisit par le gouvernement.
Dès le départ, il est évident que Valeri Legassov et Boris Chtcherbina n’ont strictement rien en commun.
Le premier est un discret scientifique n’aimant pas trop faire parler de lui, tandis que le second est un homme politique chevronné et redoutable.
Pourtant, au cours de l’enquête et des découvertes, chacun va évoluer dans ses jugements et son attitude.
Au-delà de la tragédie, la mini-série dépeint également la fin d’une idéologie, celle du communisme et du règne de l’Union Soviétique.
La réalité se fissure et la vérité se fait jour. Une vérité qui dérange et conduira à la mort de Valeri Legassov deux ans plus tard, officiellement des causes d’un suicide.
Très sombre, souvent effrayante et ne reculant jamais devant la cruelle réalité des faits, aussi dur soit ils (beaucoup de moments sont difficiles, mais, l’épisode 4, ou l’on suit un groupe d’hommes exterminant des animaux domestiques en pleine campagne, est, à mon sens, le plus insoutenable), Chernobyl n’en reste pas moins une mini-série passionnante, réalisé avec talent et parfaitement joué. Clairement, la meilleure œuvre télévisuelle de l’année.
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