Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
films and séries
Derniers commentaires
Publicité
films and séries
Archives
31 juillet 2019

DERRIÈRE LA LÉGENDE (Saint Laurent)

Saint_Laurent

Construire un film est toujours un pari compliqué, et encore plus quand l’œuvre concerne une ou plusieurs personnalités existantes ou ayant existés.

C’est pourtant le défi que tentent de relever de nombreux réalisateurs, avec plus ou mois de succès.

En 2014, ce n’est pas un, mais, deux longs métrages qui sont consacrés au couturier Yves Saint Laurent.

Né en 1936 à Oran, ville faisant alors partie de l’Algérie Française, l’homme fut autant connu pour ses talents de styliste et sa capacité à habiller les femmes, que pour sa vie privée, tumultueuse et sulfureuse.

Sortit à peine quelques mois après une première version de la vie du couturier réalisé par Jalil Lespert, Saint Laurent de Bertrand Bonello propose lui aussi une immersion dans la vie du célèbre couturier.

Une seconde version qui connut son lot de polémiques, notamment parce qu’elle fut publiquement reniée par Pierre Bergé, le compagnon d’Yves Saint Laurent.

Le parcours artistique de Bertand Bonello commence dans les années 90. Après avoir été musicien et accompagné des artistes comme Françoise Hardy ou Gerald De Palmas, l’homme décide de se consacrer exclusivement au cinéma, sa seconde passion.

Il tourne plusieurs courts métrages, puis, passe au format long en 1998, avec Quelques Chose D’Organique.

Mais, c’est avec son cinquième film, L’Appollonide – Souvenirs D’Une Maison Close, en 2011, qu’il se fait véritablement connaître.

Avec Saint Laurent, Bertrand Bonello accède pour la première fois de sa carrière à une grosse production, ce qui ne semble pas l’effrayer : « Il est vrai que c’est la première fois qu’on me propose un film. Dans un marché qui est plus gros que le mien d’habitude.

Mais mon idée n’est pas de faire des films de plus en plus chers ou de plus en plus gros. C’est un “accident”, un hasard qui tombait sur un sujet et une époque qui m’intéressaient. En réalité, c’est une fausse commande puisqu’il n’y avait pas de scénario. On ne m’a donné que le nom de Saint Laurent. J’avais lu des biographies avec mon scénariste.

Le premier travail était de tailler. On ne peut pas tout traiter. Ce qui m’intéresse chez Saint Laurent, c’est d’abord l’époque. La mode en tant que telle m’intéressait sans me passionner. Là, je me suis passionné pour ce qui se déroule derrière : les couturières, l’économie… Ensuite, le sujet embrasse plein de thèmes qui me touchent : la création, l’art et l’économie – un thème qui est très proche de nous, cinéastes –, et puis ce que ça coûte à un créateur de créer, ce rapport entre la créativité et la dépression. »

Pour incarner le rôle du couturier, Bertrand Bonello choisit le comédien Gaspard Ulliel, révélé en 2002 dans le film de Michel Blanc, Embrassez Qui Vous Voudrez.

A l’époque, certains pensent que ce choix est dicté par la ressemblance entre le comédien et son personnage, ce dont se défend Bertrand Bonello : « Tout le monde me disait de prendre Gaspard. C’est vrai qu’il y a une ressemblance très claire entre lui et Saint Laurent. Mais cela me rebutait. C’était trop évident. J’avais très peur du côté “bal des sosies“ »

Pour entourer le comédien, le réalisateur choisit notamment Jérémie Renier, Louis Garrel, Léa Seydoux, Amira Casar et Valérie Donzelli.

A noter également les apparitions de Valerie Bruni Tedeschi et Helmut Berger, qui incarne Yves Saint Laurent âgé, dans la dernière partie du film.

L’histoire de Saint Laurent se déroule principalement entre 1967 et 1976. Après avoir quitté la maison Dior, le créateur et styliste a fondé, avec son compagnon Pierre Bergé, une nouvelle maison de couture au succès florissant.

Mais, alors que Pierre Bergé se démène, Yves Saint Laurent enchaine les soirées arrosées et tombe dans la drogue.

C’est lors d’une de ses soirées qu’il rencontre Jacques De Basher. Ce dandy parisien, compagnon de Karl Lagerfield, va faire tourner la tète d’Yves Saint Laurent, qui en tombe rapidement amoureux. Une spirale infernale d’auto destruction commence dans la vie du couturier, qui va s’accentuer lorsque Pierre Berger décide de les séparer.

« Nous n'étions pas intéressés à montrer comment Yves Saint Laurent est devenu un génie. Nous voulions montrer ce que cela lui a coûté chaque jour d'être qui il était, et c'est pourquoi, au début du film, il est déjà une star »

Voilà comment Bertrand Bonello définit un film assez singulier dont l’action navigue entre le présent et le futur. Comme il l’explique un peu plus haut, le réalisateur ne s’intéresse que très peu à l’univers de la mode. D’ailleurs, dans Saint Laurent, on ne trouve qu’un seul défilé, celui qui confirma véritablement le talent d’Yves Saint Laurent à la fin des années 70.

Le réalisateur préfère évoquer le mythe derrière la légende. Gaspard Ulliel compose ainsi un homme certes reconnu pour son génie, mais, surtout tristement seul malgré le nombre de personnes qui l’entoure constamment.

Un homme constamment insatisfait, qui tente par tous les moyens de combler un manque. Car, malgré l’amour d’un Pierre Bergé qui tente de le protéger, y compris de lui mème, le Yves Saint Laurent dépeint par Bertrand Bonello est un individu malheureux, mais, également sexuellement frustré.  

Lorsqu’il rencontre Jacques De Basher, le couturier connaît enfin l’amour et pense pouvoir combler son manque. D’ailleurs, il ne se remettra jamais complètement de l’intervention de Pierre Bérgé et de la séparation brutale d’avec son amants.

Avec Saint Laurent, Bertrand Bonnello navigue entre les lumières des néons des boites de nuits Parisiennes et l’ombre qui enveloppe le créateur.

Certains pourront ronchonner sur le fait que le film s’éloigne parfois de la réalité historique, mais, le réalisateur signe surtout une œuvre pas du tout classique et très cinématographique, notamment dans sa mise en scène extrêmement précise.

Porté par un casting totalement en harmonie avec la démarche du cinéaste, notamment un Gaspard Ulliel formidable et qui trouve avec Yves Saint Laurent le rôle de sa vie, le film de Bertrand Bonello est un biopic aussi singulier que séduisant, et c’est ce qui fait son charme.

 

 

Publicité
Publicité
Commentaires
T
@ ideyvonne<br /> <br /> <br /> <br /> Pour être honnête, je n'ai vu aucuns des biopics que tu cites, même si je connais les titres. Je ne m'intéresse pas non plus spécialement à la mode. En vérité, la seule raison qui m'a poussé à voir Saint Laurent, c'est que je voulais découvrir l'univers du réalisateur Bertrand Bonnello et que j'y ai vu là une occasion. Mais, je te rejoins sur le fait qu'ils a eut énormément de biopics, voir presque trop, depuis une dizaine d'année. En ce qui concerne Saint Laurent, j'ignore ce que vaut le film de Jalil Lespert, mais, je te conseille vivement la version de Bertrand Bonnello, qui a le mérite d'adopter une démarche unique et loin d'être consensuelle (ce qui explique les problèmes qu'à rencontré le film a sa sortie).
Répondre
I
Les années 2010 ont été une pluie de biopics...<br /> <br /> Ceux que j'ai vus : Gainsbourg, Jersey boys, Chocolat, Lincoln, Colette, dans l'ombre de Mary, le discours d'un roi, les figures de l'ombre, lion, et le superbe Bohemian Rhapsodie qui sort du lot, haut la main ! (je suis sûre que j'en ai oublié mais, ce sont ceux-là qui me sont revenus à l'esprit pour le moment.<br /> <br /> Vu aussi Yves Saint Laurent, bon... à voir une fois :)
Répondre
Publicité