TROIS CLOCHARDS ET UN BÉBÉ (Tokyo Godfathers)
Scénariste spécialisé dans les animés, Satoshi Kon se fait connaitre à la fin des années 90, avec le long métrage Perfect Blue, une oeuvre à suspense qui connaît rapidement un énorme succès. Le réalisateur y démontre sa capacité à déployer un univers et un ton qui lui est propre.
En 2001, Millenium Actress, son second long métrage, confime le statut d'auteur du bonhomme. Satoshi Kon revient ensuite deux ans plus tard avec Tokyo Godfathers.
Pour l'occasion, le cinéaste décide d'opter pour un ton plus leger, avec une oeuvre qui mélange les genres, passant de la comédie au drame avec un détour vers le film d'action.
Tokyo Godfathers est une oeuvre originale sur bien des points, qui permet à Satoshi Kon de collaborer avec Keiko Nobumoto, responsable de la série Wolf's Rain. Le film se déroule entre le soir de noël et le 31 décembre.
L'histoire met en scène trois pittoresques sans-abris formant une équipe inséparable. Il y a d'abord Gin, un râleur porté sur l'alcool, Hanna, une femme transgenre, et Miyuki, une adolescente de 16 ans au caractère bien trempée.
Alors qu'ils sont, comme d'habitude, occupé à se disputer, ils entendent les pleurs d'un bébé. Hanna, la personne la plus sentimentale des trois, se prend immédiatement de tendresse pour le poupon.
Plutôt que d'aller mener l'enfant à la police, le trio décide de traverser la ville de Tokyo pour retrouver les parents de ce bébé. Le point de départ d'une aventure frappadingue ou Gin, Hanna et Miyuki vont devoir se confronter à leur passé et assumer leurs erreurs.
Si le film de Satoshi Kon bénéficie d'une animation assez rudimentaire, Tokyo Godfathers reste une oeuvre plus complexe que les apparences le laisse penser.
Le point de départ du trio qui trouve par hasard un bébé n'est clairement pas original, puisque déjà largement utilisé par le cinéma live. Mais, le long métrage se distingue surtout par la tendresse énorme que Satoshi Kon éprouve pour cette équipe aussi attachante qu'improbable, et qui se ressent grandement dans le résultat finale.
Au cours de leur périple, le spectateur découvre le passé de chacun des personnages. Dans un premier temps, Gin explique ètre un ancien sportif ayant perdue sa fille décédée d'une maladie.
Mais, il s'avèra que la vérité est très différente. Hanna est un personne ayant toujours manqué d'amour, ce qui la rend particulièrement sentimentale. Enfin, derrière son air dur, Miyuki est une jeune fille perdue, incapable de se pardonner un geste malheureux.
A travers cette histoire, le réalisateur pose un regard critique sur la société Japonaise, et la façon dont elle peux se montrer cruel envers ceux qui témoignent la moindre faiblesse de sentiment, ou plus simplement ne correspondent pas à un modèle de richesse exterieur.
Au cours de l'aventure, notre trio est victime de l'indifference du peuple, mais, c'est également le cas d'un couple dont la femme à perdue son bébé.
Avec Tokyo Godfathers, Satoshi Kon évoque également la solidarite dont chacun devrait faire preuve, et montre que tout le monde peut devenir un héros à sa manière, y comprit des sans-abris.
On peut reprocher au film son rythme parfois en dent de scie, et un mélange des genres pas toujours bien dosé. Le long métrage ne plaira pas forcement à tout le monde, mais, il serait injuste de ne pas reconnaître les qualités et l'émotion qui se dégage de cette oeuvre unique et profondément attachante.