MARY SHELLEY EN 2015 (Docteur Frankenstein / Frankenstein, version 2015)
Hasard ou simple coïncidence du calendrier des sorties, l'année 2015 vit la sortie de deux versions cinématographiques, chacune très différentes, du classique littéraire écrit par Mary Shelley en 1818, Frankenstein et la Prométhée moderne.
On commence avec la version tourné par Paul McGuigan et scénarisé par Max Landis, le fils de John Landis, immortel metteur en scène des Blues Brothers ou du Loup Garou De Londres.
Les deux hommes prennent le parti de reprendre l'histoire en changeant le point de vue. Le film se concentre beaucoup plus sur l'amitié entre Victor Frankenstein et Igor Strausman. Jusqu'ici cantonné à un rôle de simple serviteur difforme, le personnage voit son importance étoffé dans cette version.
Un parti pris intéressant et qui à le mérite de justifier cette nouvelle version. Reste à voir en pratique à quoi abouti la démarche. Daniel Radcliffe incarne Igor tandis que James Mc Avoy revêt les habits du scientifique.
A noter l'apparition de Charles Dance le temps d'une courte scène ou il joue le père, plutôt rigide, de Victor Frankenstein. Tout commence dans un cirque. C'est la que se produit un être bossu utilisé comme clown. C'est d'ailleurs lui qui nous conte l'histoire en voix off. Si l'individu difforme dispose d'une intelligence prodigieuse, cela ne l'empêche pas d'être la victime régulière des brimades de son maître. Jusqu'au jour ou il croise un homme du nom de Victor Frankenstein qui décide de l'aider à s'évader de cette vie cauchemardesque.
Le scientifique se charge d'abord de lui remettre douloureusement le dos en place avant de lui confier son grand projet : la création d'un homme parfait. Ami fidèle, Igor devient le témoin, et parfois le complice, de Victor Frankenstein.
Docteur Frankenstein est ce qu'on pourrait appeler un travail propre. L'interprétation est au top (notamment Daniel Radcliffe et James Mc Avoy, même si ce dernier à parfois tendance à se croire dans un X-Men), la réalisation est particulièrement soignée et le film n'est jamais ennuyeux. Pourtant, difficile de ne pas reconnaître les défauts, notamment au niveau d'un scénario qui s'embourbe parfois dans la facilité (la romance entre Igor et Loreleï, incarnée par Jessica Brown Findlay). Reste une tentative intéressante de se démarquer des adaptations antérieurs, même si le résultat final n'est pas toujours abouti.
Seconde version cinématographique des écrit de Mary Shelley, Frankenstein, réalisé par Bernard Rose, s'oriente, cette fois, vers une réactualisation de l'histoire d'origine.
Le réalisateur, surtout connu pour avoir signé l'excellent Candyman dans les années 90, situe l'histoire à notre époque. Danny Huston et Carrie Anne Moss y incarne Victor et Elisabeth Frankenstein, deux scientifiques qui, dans un laboratoire secret, crééent l'ètre humain parfait.
Ayant l'apparence physique d'un jeune homme, la créature dispose d'une force colossale. En contrepartie, ses facultés mentales sont semblables à celles d'un bébé. Malheureusement, si l'expérience réussit, les choses se détraquent rapidement et la peau humaine reconstitué commence à se désagréger.
Il ne reste qu'une solution : Détruire l'objet de l'expérience. Prit de panique lorsque des médecins tentent de le tuer, la créature s'enfuit et finit par errer dans la ville, faisant des rencontres parfois heureuses, comme ce clochard incarné par Tony Todd, et parfois beaucoup moins, à l'instar du flic violent et intolerent qui semble condamner à se retrouver inlassablement sur le mème chemin que la créature.
Ce qui différencie grandement cette version vient du fait que Bernard Rose rend moins hommage au roman de Mary Shelley qu'à l'une de ses adaptations les plus célèbres, à savoir celle tournée en 1931 avec Boris Karloff, auquel le réalisateur ajoute également quelques références à sa suite, La Fiancée De Frankenstein.
Ainsi, on retrouve ici transposé la fameuse scène de la petite fille face à la créature, mais, aussi, cette allégorie de la créature face au rejets sociale. Dans la version de Bernard Rose, le "monstre" devient un sans abri observant le monde extérieur et tentant, comme il peut, de le comprendre.
Un individu sans attache sociale vivant en marge, comme il en pullule dans les rues. La créature est un être rejeté pour sa différence et qui ne trouve sa place nulle part.
Cette version de Frankenstein, transposé à notre époque, est pleine de sens et c'est ce qui lui donne sa force. Le réalisateur signe un film particulièrement simple sur la forme, tourné souvent de manière presque amateur, parfois gore, mais, très bien joué, auquel seul le budget semble parfois faire défaut. Un détail qui contraste avec la version évoqué plus haut, mais, le film de Bernard Rose possède une sincérité et une âme auquel le film de Paul McGuigan ne peut malheureusement prétendre.