LA MAISON DES DRAMES (Le Secret d'Elise)

Je dois bien l'avouer, en général, je n'ais pas une grande estime pour les programmes diffusés sur TF1, mais, il faut bien reconnaître que depuis quelques temps, ses responsables ont tenté, à travers quelques téléfilms comme le récent et très réussi L'Emprise sur le thème, encore trop tabou, des femmes battues, de prendre des risques en abordant de front des sujets difficiles.

Avec Le Secret D'Elise, il s'agit cette fois de toucher à un registre plus délicat, puisqu'il s'agit d'une mini série fantastique. A l'origine, il s'agit de l'adaptation d'une autre série, Anglaise celle la, baptisé dans un premier temps The Oaks, avant d'ètre retitré Marchlands. 

Tourné et diffusé en 2011 dans son pays d'origine (et quatre ans plus tard chez nous), la fiction original se concentrait sur trois époques relié entre elles par une même demeure et un mystère similaire, à savoir la présence d'un fantôme, en fait une petite fille décédé dans les années 60.

Marchlands connu un beau succès dans son pays d'origine, malgré tout, je dois bien l'avouer, je n'ai absolument pas accroché à cette série que j'ai trouvé bavarde et franchement ennuyeuse, le tout culminant dans une révélation finale que j'ai trouvé peu convaincante. Une raison de plus d'ètre méfiant au sujet du remake de TF1. 

Décrit par la responsable des fictions de la chaîne comme "un pari audacieux", Le Secret D'Élise affiche un beau casting : Bruno Bénabar, Julia Piaton (fille de la comédienne Charlotte de Turckheim), Stephane Freiss, Sophie Mounicot, Bruno Salomone (tout deux dans de magnifiques contre emploi), Armelle Deutsch, Hélène de Fougerolles, Valérie Kaprisky et Jacques Weber.

A l'instar de la série original, l'histoire se déroule sur trois époques et demeure relativement fidèle, à quelques differences pret. Tout commence en 1969, dans une somptueuse demeure baptisé Belle rive et situé dans L'Hérault. C'est la que vivent les membres de la famille Letilleul. Les parents, Raymond et Suzanne, ainsi que le fils du couple, Jean Pierre, son épouse, Ariane, et leur fille unique, Elise.

Tandis que le père et le fils exercent tout deux la profession de médecin, la femme de Jean Pierre s'est aménagé un endroit ou elle confectionne des robes de mariages.

Tout le monde mène une existence paisible, notamment Élise qui demeure une gamine pétillante et joyeuse. Mais, le bonheur est soudain brisé le jour ou la fillette est retrouvée morte dans les marécages bordant la maison.

Selon les constatations des policiers, elle se serait noyée, ce que refuse de croire Ariane qui s'obstine à enquêter, quitte à faire remonter de lourds secrets.

En 1986, une nouvelle famille, Les Marsy, vient habiter à Bellerive, ignorant le drame survenu 17 ans plus tôt. Rapidement, des évènements étranges se produisent, notamment lorsque la petite dernière, Valentine, se met à parler avec une amie imaginaire qu'elle nomme Elise.

En 2015, c'est, cette fois, un couple, Julie et Yanis Ramza, qui vient occuper la demeure. Dans le même temps, Ariane, qui vient d'apprendre certains éléments nouveaux sur la mort de sa fille, revient dans la ville, bien décidée à découvrir la vérité.

Contrairement à Marshlands ou la disparition de la fillette (baptisé Alice dans la version originale) n'était dévoilé que relativement tard, les responsables du Secret d'Elise choisissent de prendre le contre pieds total en commencant l'histoire quelques heures avant le drame. On découvre donc un enfant heureuse et insouciante bien loin d'imaginer ce qui l'attends.

Encore plus que pour Marshlands, Les auteurs s'amuse ici à entremêler les époques qui finissent par se mêler, les éléments du passé influant inévitablement sur le présent.

Une méthode de narration qui peut éventuellement dérouter durant les premières minutes, tant il est difficile de s'y retrouver avec la multitude de personnages. Pourtant, on s'y fait assez rapidement.

Mélangeant un aspect dramatique très prononcé à un fantastique qui se situe plus dans l'ambiance (on est pas dans Amityville non plus, ça reste abordable pour un large public), le Secret D'Elise devient rapidement une oeuvre qui parvient à tenir en haleine, autant grâce à son mystère qu'à ses personnages auquel on finit par s'attacher.

Le drame vécu par les Letilleul est particulièrement touchant, notamment aidé par les prestations parfaites du couple incarné par Bruno Benabar et Julia Piaton, tout deux formidable et juste.   

Je dois bien l'avouer, celle qui m'a sans doute le plus surpris, c'est Sophie Mounicot qui incarne la grand mère d'Elise. Jusqu'ici, je l'avais toujours vu dans des prestations comiques, notamment dans la série H.

C'est tout l'inverse avec le Secret D'Élise ou elle campe une femme froide, arrogante et autoritaire tenant son mari sous sa coupe, et dont la méchanceté et l'ignorance culmineront dans une dernière réplique terrifiante, mais symptomatique d'une époque pas si lointaine pleines de préjugés toujours vivace aujourd'hui.

L'autre grande surprise, c'est Bruno Salomone. Très loin de son registre habituel lui aussi, il campe ici un individu dont les certitudes vont totalement vaciller. Lorsque les problèmes s'accumulent dans sa famille, il se montre totalement perdu et incapable de réagir dans une situation qui le dépasse.

Personnellement, j'avoue que c'est surtout la dernière époque que je trouve la moins passionnante, surtout la partie concernant Yannis et son amour de jeunesse, Catherine, qu'il retrouve et tente de le récupérer malgré le fait que l'homme ait désormais une femme, qui plus est enceinte.

Assez effacé dans la série original, la compagne du passé devient une froide caclucaltrice n'hesitant pas à multiplier les manigances pour arriver à ses fins. Un personnage accroché à des rêves illusoires campé par une Valérie Kaprisky aussi démoniaque et parfois, agaçante dans son obstination, que touchante, car, finalement très seule.

Mais, surtout, les responsables du Secret D'Elise optent pour une conclusion différente de celle de Marshlands, et, que , pour ma part, je trouve bien plus crédible, car, plus en phase avec les moeurs de notre époque.

Plutôt bien faite et parfaitement réalisé malgré quelques défauts (la sous intrigue sentimentale de 2015, rajouté par rapport à la série original, n'était pas franchement nécessaire), Le Secret D'Elise est une belle réussite culminant dans une très jolie scène finale pleine d'émotion. Pour ma part, sans considérer cette mini série comme une référence, j'avoue avoir prit beaucoup de plaisir à la suivre, bien plus que Marshlands.